Selon
l’étymologie sanskrite, c’est l’action du feu
(agni : le feu ; kriya,
l’acte). On le trouve parfois sous le nom d’agnisara.
C’est
un geste puissant de nettoyage interne, par la mise en action du feu
intérieur. Le feu est l’élément qui purifie,
qui permet de brûler les déchets et d’augmenter l’énergie
vitale de l’être. Le feu est au centre de l’alchimie
intérieure du yoga.
Agni
kriya entre donc dans la catégorie des nettoyages internes et
c’est une technique accessible à tous, même aux débutants.
Au
même titre qu’une douche permet d’entretenir la propreté
extérieure du corps, les actes de purification interne permettent
de restaurer et d’entretenir la propreté du corps à
l’intérieur. Agissant puissamment sur la sphère
abdominale, ils concernent tout le système assimilation / élimination.
Or un bon fonctionnement de ce système agit sur le plan physique
mais aussi sur le plan énergétique et sur le plan mental.
L’assimilation,
la capacité à digérer et à éliminer
les déchets sont des facteurs au moins aussi importants que l’acte
de se nourrir. Nous devons être capables de rejeter ce qui est
susceptible de nous encombrer, de nous encrasser et de nous alourdir.
C’est
une manière de nous assurer une plus grande autonomie face à
ce que nous absorbons, que les nourritures soient celles du corps ou
celles de l‘esprit, et d’accéder à «
l’indispensable légèreté de l’être
»...
Les effets de la pratique
Sur le plan de la santé les bénéfices sont innombrables.
Agni kriya tonifie tous les organes abdominaux, fortifie la sangle,
et représente un véritable massage interne extrêmement
bénéfique pour le foie, la rate. Il améliore le
transit intestinal, régularise l’activité du pancréas,
agit sur les surrénales (rôle équilibrant) et purifie
l’organisme en augmentant le feu digestif.
Il
entretient, et dans certains cas, améliore la vue, les yeux étant
reliés au centre d’énergie du ventre.
Il
agit sur le système nerveux par le massage du plexus solaire
et s’il est pratiqué régulièrement, il augmente
les défenses immunitaires.
Agni
kriya sert aussi de support à d’autres techniques, une
fois qu’il est tout à fait maîtrisé dans sa
forme de base. On le pratiquera volontiers dans des postures inversées
ou encore dans des postures qui agissent sur l’ensemble des éléments
reliés au feu dans le corps.
Ce
kriya possède des effets énergétiques puissants
qui ont un retentissement à tous les niveaux de l’être.
Il constitue un excellent préalable à des techniques plus
poussées.
Déroulement de la pratique
Deux
attitudes sont possibles :
1) Soit debout,
les pieds écartés de la largeur des épaules, les
jambes légèrement fléchies, les mains posées
juste au-dessus des genoux, doigts tournés vers l’intérieur
des cuisses.
2) Soit en posture
assise, les mains posées sur les genoux, bras tendus. On préfèrera
cette deuxième solution qui est plus puissante.

Les
yeux doivent impérativement rester grand ouverts, on fixe un
point sur le sol devant soi ou la flamme d’une bougie. On peut
également pratiquer la convergence oculaire sur le bout du nez
(nâsâgra drishti).
On
expire à fond, et en restant poumons vides, on fait aller et
venir le ventre (mouvement vers l’avant et vers l’arrière)
de façon régulière avec la plus grande amplitude
possible une quinzaine de fois (ou une vingtaine si on a un peu l’habitude).
Après une dernière rétraction du ventre on inspire
doucement en gonflant le ventre et on recommence.
Le
nombre de mouvements doit rester le même pour toute la durée
de l’exercice et on évite les souffles intermédiaires
qui diminuent l’efficacité de la pratique. Il faut pousser
et tirer le ventre avec la même vigueur, en évitant d’aller
trop vite.
On
maintient pendant la pratique la contraction de l’anus (mûla
bandha, ce qui est facilité par l’absence de mouvement
du souffle).
Si
on utilise un mantra on choisira « RAM » qui est celui de
manipûra, le centre d’énergie du ventre et le bîjâ
du feu. Après une dizaine de souffles, on restera dans le calme
et l’immobilité pour observer.

Progresser dans la pratique
Dans
une version plus poussée, on va suivre une progression :
On part de 10 barattages et on en ajoute 5 à chaque souffle pour
arriver à une cinquantaine de mouvements par rétention
(ou du moins on augmente jusqu’à son maximum).
Une
variante consiste à mettre le ventre en mouvement également
pendant les arrêts de souffle après l’inspiration.
On égalise alors la durée des rétentions poumons
pleins et poumons vides ainsi que le nombre de mouvements.
A
poumons vides, rentrer et sortir le ventre énergiquement.
Pour
plus de tonicité, tendre les bras et poser les paumes des mains
sur les genoux.

Précautions
La
pratique s’effectue avec l’estomac vide, et il est préférable
de vider auparavant la vessie et les intestins.
Le
matin à jeun est un moment très favorable, mais on peut
pratiquer à tout moment de la journée.
Les
contre-indications concernent les cas sévères d’hypertension,
problèmes cardiaques et lésions internes des organes (intervention
chirurgicale récente par exemple).